Depuis 1982 et la naissance d'Amandine, premier bébé-éprouvette français, les controverses publiques se sont succédé autour de la venue au monde des " enfants du don ". Dans ces intenses débats, médecins, juristes, sociologues, psychologues, politiques, tout le monde a été entendu. Tous, sauf les premiers concernés : candidats et candidates au don, donneurs et donneuses, enfants issus de leur rencontre. Pour la première fois, elles témoignent de la joie d'être parent lorsqu'on n'y croit plus, mais aussi de la douleur, de la stérilité, de la solitude des parcours médicalisés, du tabou qui protège l'identité du donneur, de la difficulté à vivre dans l'ignorance de ses origines biologiques. Notre loi sur la bioéthique de 1994 est l'une des plus rigides d'Europe. Au nom du sacro-saint principe d'anonymat et de gratuité des dons, elle interdit la pratique des mères porteuses et ferme l'accès à la procréation médicale assistée aux célibataires et aux homosexuels. Les couples sont de plus en plus nombreux à passer les frontières pour contourner la loi française. Leurs récits sincères, poignants, troublants parfois, apportent un éclairage nouveau à la réflexion relative à la bioéthique menée dans notre pays.
Dominique Mehl est sociologue au CNRS. Ses domaines de recherche actuels sont la procréation médicalement assistée et la sociologie des médias. Elle est notamment l'auteur de Naître ? La controverse bioéthique (Bayard, 1999) et de La Bonne Parole (La Martinière, 2003).