Myferti est heureux de vous présenter les résultats d'une enquete Européene EUGIN / ODOXA sur ce que pensent et savent les Européens de l'infertilité, de la PMA, du don de gamètes et de la vitrification sociétale.
Je suis heureux de vous présenter ce sondage car j'ai eu l'occasion de rencontrer les sociétés TheDesk, spécialiste RP et Odoxa, spécialiste du sondage pour étudier une petite partie de ce sondage et me rendre compte à quel point la tache est difficile de poser des questions sur un domaine comme la PMA et l'infertilité qui touche souvent à la culture d'un pays.
Les questions liées à l’infertilité sont complexes et les réponses rarement unanimes. Difficile de démêler ce qui relève du choix intime, de valeurs ou de l’éthique.
Des interrogations auxquelles les pays européens ont répondu de manière différentes, parfois même divergentes.
Dans les faits, aujourd’hui, l’Union européenne ne possède pas de droit commun concernant l’AMP, ce sont 28 pays et quasiment 28 modes d’emploi.
PMA uniquement accessible aux couples hétérosexuels ou ouverte à toutes, dons d’ovocytes dédommagés ou encore absents, congélation d’ovocytes pour des raisons sociétales possible ou interdite… Entre respect de valeurs communes et diversité historique et culturelle, l’équilibre semble difficile à trouver pour les Etats membres.
Mais comment l’opinion publique européenne évolue t-elle sur ces sujets ?
Pour répondre à cette question, la clinique barcelonaise EUGIN, qui accueille chaque année des patientes de près de 80 nationalités différentes, présente les résultats d’un sondage inédit mené par l’institut Odoxa dans 5 grands pays Européens.
Le taux de personnes confrontées à l’infertilité se situe, partout en Europe, entre 5 et 10%, avec une tendance générale à la progression.
Pas si étonnant donc que la proportion des Européens interrogés qui se disent concernés par l’infertilité, directement ou non, soit élevée. Près de 7 Européens sur 10 disent avoir été eux-mêmes touchés ou connaitre quelqu’un dans leur entourage qui a eu ou a des difficultés à avoir un enfant. Les Allemands et les Britanniques, peut‐être moins enclins à en parler, répondent « seulement » à 56% et à 54% avoir été touchés de façon directe ou indirecte par ce problème. C’est près de 20 points de moins que les Espagnols et les Italiens et 10 points de moins que les Français (68%).
Ce sont surtout les Britanniques (79% mal informés), les Italiens (75%) et les Français (72%) qui s’estiment les plus mal informés ; quand les Espagnols et Allemands partagent moins ce sentiment.
Une impression qui semble prendre racine dans un manque global de communication. 83% des Européens (et même 89% des Italiens et 88% des Allemands) affirment que la PMA est un sujet insuffisamment pris en compte par les employeurs.
En France, alors que la loi prévoit depuis 2014 des autorisations d'absence pour les femmes et les hommes engagés dans un parcours de procréation médicale assistée, ils sont tout de même 88% à estimer que les employeurs ne considèrent pas assez les problèmes liés à la PMA.
Autres grands silencieux, l’Etat et les médias : 71% des Européens pensent que ce sujet n’est pas assez pris en compte par l’Etat et 64% des Européens estiment qu’il est insuffisamment pris en compte par les médias.
Les professionnels de santé eux, s’en sortent logiquement beaucoup mieux. La majorité des Européens (63%) s’accorde à dire que la PMA est un sujet suffisamment pris en compte par ces derniers. Les Italiens sont eux plus sévères sur cette question, près d’un sur deux juge (48%) insuffisante la prise en compte de la thématique de la PMA par les professionnels de santé.
La PMA, si elle apparaît en partie comme « une terre inconnue », est très clairement approuvée dans son principe pour les femmes seules (59%) ou bien les couples de femmes homosexuelles (57%).
L’exception européenne : les Italiens. Ils sont très majoritairement opposés à la PMA pour les couples de femmes homosexuelles alors que les quatre autres pays y sont favorables entre 54% (France) et 76% (Espagne).
Les Italiens marquent ainsi une nette différence entre la PMA pour les femmes seules (54% d’approbation) et la PMA pour les homosexuelles (60% de rejet).
Un particularisme qui s’explique peut‐être par une évolution plus lente des mentalités et de la législation nationale qui vient à peine d’adopter l’union civile homosexuelle.
Ce delta femmes seules ‐ femmes homosexuelles existe également dans les deux autres pays de tradition catholique, mais il n’est jamais aussi élevé : les Français sont plus favorables à la PMA pour les femmes seules qu’homosexuelles (60% contre 54%) ainsi que les Espagnoles qui approuvent toutefois cette ouverture dans des proportions très élevées (86% contre 76%). A l’inverse, les Britanniques, plus progressistes sur ce point, l’approuvent avant tout pour les couples de femmes homosexuelles (58% contre 51% pour les femmes seules) et les Allemands également (60% contre 54%).
Si les Européens sont si favorables à la PMA c’est qu’ils estiment tous dans de larges proportions qu’il s’agit là « d’un vrai progrès pour les couples infertiles » (87% en moyenne).
Dans le même temps, ils continuent de soulever les écueils économiques et sociétaux liés à la PMA. Ainsi pour 74% des Européens la PMA serait « plus facile à mener à l’étranger » (dont 82% en France et 81% en Italie), « est réservée aux personnes ayant des moyens financiers élevés (69% en moyenne, 82% en Espagne). La PMA n’apparaît pas non plus dénuée d’obstacles éthiques : 60% des Européens ont la sensation « qu’elle pourrait conduire à une sélection des embryons contraire à l’éthique ».
La PMA n’est donc pas remise en cause (loin s’en faut), mais y avoir recours est loin d’apparaître comme quelque chose de « banal ».
Par ailleurs, le don de sperme ou d’ovocytes, nécessaire dans bien des cas à la PMA, est loin d’être naturel et la pénurie de dons loin d’être endiguée si l’on en croit les réponses des européens.
Les hommes européens sont ainsi partagés sur le don de sperme : 50% seraient prêts à faire ce don quand 50% n’y seraient pas prêts. Les Espagnols (65%) et les Allemands (53%) seraient plus enclins à effectuer ce don, quand les Français et Britanniques sont près de 6 sur 10 à ne pas y être prêts.
Frein principal au don de sperme : un manque d’information pour 46% des Européens. Une majorité d’Italiens (54%), d’Espagnols (53%) et de Français (46%) donnent cette explication comme principale raison de leur refus. Les Allemands placent eux la question de l’anonymat du don en principale raison (51%), alors qu’il n’arrive qu’en 2ème position pour les autres pays. En revanche, les Britanniques (53%), pour qui le don n’est pas anonyme, voient cela comme un obstacle.
Les Européennes, elles, sont clairement réfractaires au don d’ovocytes : 67% ne seraient pas prêtes à faire ce don (chiffre identique en France). Un rejet sans doute en partie dû à la culture naturaliste de certains pays qui ont des difficultés à dissocier maternité gestative et génétique.
Ainsi, le refus des Britanniques et des Allemandes est massif : ce sont près des trois‐quarts des femmes qui s’y refuseraient (sachant que le don d’ovocytes est de toutes les façons interdit en Allemagne).
Les Espagnoles font figures d’exception : 58% d’entre elles seraient prêtes à faire un don d’ovocytes ou l’ont déjà fait.
Tout comme les hommes, les femmes expliquent leur refus par un manque d’information : 36% des Européennes citent cette raison qui arrive en tête, devant l’impossibilité de connaitre l’enfant issu du don (32%). La lourdeur du traitement à suivre apparaît en troisième position avec 25% de citations.
A noter que l’aspect financier, qui fait débat dans tous les pays d’Europe, ne semble ni pour les femmes, ni pour les hommes être la motivation manquante pour passer à l’acte.
Seulement 8% des Européennes et 10% des Européens citent l’argent comme une motivation.
A l’heure où études, carrière, stabilité économique et affective sont de plus en plus difficiles et longues à obtenir, les Européens ont dans une grande majorité (67%) déjà entendu parler de la vitrification sociétale.
La proportion oscille entre 61% chez les Espagnols et 75% chez les Britanniques.
Le sujet est donc connu mais aussi clivant : 51% des Européens y sont favorables, tandis que 49% y sont opposés.
Ce quasi « 50‐50 » reflète mal la réalité pays par pays. Si les Français sont vraiment partagés (51% pour, 49% contre), les avis des autres Européens sont eux, plus tranchés et plutôt en adéquation avec la législation en vigueur dans leur pays.
Ainsi, dans le camp des « favorables », nous retrouvons les Espagnols (77%) et, dans une moindre mesure, les Britanniques (54%).
Dans le camp des « opposés » on trouve donc les Allemands (55%) et les Italiens (62%).
Chez les Européens qui approuvent la congélation des ovocytes pour des raisons non médicales, on cite avant des raisons qui vont dans le sens du progrès médical et social : 36% y voient la possibilité pour les femmes de ne plus craindre leur « horloge biologique », et 34% estiment qu’il ne faut pas s’y opposer car il s’agit d’un progrès de la médecine.
Chez ceux qui y sont opposés, trois explications sont citées dans des proportions quasiment identiques : 33% estiment que « c’est une technique contre nature ou contraire à sa religion », 30% que « cela conforte l’idée que la maternité nuirait à la carrière », et 26% jugent que « cela revient à exploiter commercialement la détresse des femmes ».
Et si les employeurs prenaient en charge les frais liés à la congélation d’ovocytes de leurs salariées afin qu’elles puissent reporter leur grossesse ?
Cette initiative très médiatisée des géants du web américain est majoritairement rejetée par les Européens : 55% considèrent que c’est une mauvaise chose.
Seuls les Espagnols, sont une majorité de 63% à estimer que c’est une bonne chose que les employeurs prennent ces frais à leur charge.
Enquète réaliser par ODOXA pour la clinique Eugin.
Contact presse : Elodie Lenoir, agence The Desk
Article rédigé par myferti.
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