Il y a trois ans, Céline débutait une chimiothérapie qui avait de fortes chances de la rendre stérile. Pourtant, il y a un mois, sa fille Élise a vu le jour, le premier bébé né en France après vitrification des ovocytes d'une femme atteinte d'un cancer.
Selon le réseau OncoPaca-Corse, basé à Marseille, qui a suivi Céline et annoncé la naissance de sa fille, à ce jour "seuls six enfants [sont] nés dans le monde" après vitrification (congélation ultra-rapide) des ovocytes de la mère "dans le contexte de la préservation de la fertilité pour cancer".
Un "message d'espoir pour les patientes" qui imaginent souvent que la maladie les privera à jamais d'avoir des enfants.
"En janvier 2013, on venait de me découvrir un lymphome de Hodgkin", une forme de cancer de la lymphe, explique la jeune maman à l'AFP. La préservation de la fertilité "n'était pas la priorité de la première oncologue que j'ai vue", sa préoccupation était uniquement "de me sauver la vie", raconte-t-elle. "Moi, j’avais 29 ans et c’était ma préoccupation".
C'est sur Internet que Céline comprend vraiment que la chimiothérapie qu'elle va subir peut la rendre stérile. Elle contacte le réseau régional de cancérologie OncoPaca-Corse, qui a mis en place dès 2012 une plateforme spécialisée, peu après l’autorisation en France de la vitrification des ovocytes (cette technique est autorisée en France depuis la loi de bioéthique de 2011).
S'ensuivent "trois semaines de stimulation hormonale pour amener des ovocytes à maturité", et une ponction de "plusieurs ovocytes" pour multiplier les chances de grossesses futures, car les fécondations in vitro ne réussissent pas à chaque fois.
De février à juin 2013, elle subit une "chimiothérapie agressive" à l'hôpital, qui débouche sur une "rémission complète" du cancer. Ne reste plus qu'à attendre "le feu vert des oncologues", une fois "la toxicité de la chimiothérapie éliminée du corps". Selon la jeune femme, la fécondation in vitro fonctionne dès la première tentative.
La préservation des ovocytes, un sujet à aborder avec les patientes
Officiellement prônée dans le "Plan Cancer", la préservation de la fertilité chez les malades du cancer qui vont subir des chimiothérapies ou des radiothérapies pouvant affecter la fertilité, temporairement ou définitivement, doit, selon la loi, être abordée avec les patients.
"Pouvoir avoir des enfants après un cancer, c'est un point fort d'ancrage, ça permet (aux personnes en voie de guérison) de pouvoir avoir une vie normale", souligne le docteur Michèle Pibarot, médecin coordinateur du réseau OncoPaca-Corse.
Dès le prélèvement des ovocytes, "de savoir que ça a été fait, ça enlève une préoccupation", témoigne Céline, que la perspective d'une grossesse future a aidée à supporter la maladie et le traitement.
Un protocole très strict
Ailleurs en France, d'autres grossesses et d'autres naissances pourraient avoir lieu dans les mois à venir. Dans le rayon d'action du réseau OncoPaca-Corse, le Sud-Est de la France, 137 femmes ont bénéficié de ces techniques de conservation en 2013. Elles n'étaient que 73 un an plus tôt.
A l'annonce de la maladie, "énormément de dispositifs s'articulent : les annonces, les soins de support... Tous les médecins ne savent pas forcément quoi faire, on est tellement pris par l'urgence du cancer", relate le Dr Pibarot. "L'idée c'est de faire en sorte que la fertilité puisse être envisagée également dans cette prise en charge".
Il faut agir vite : "dans les 48 heures, le jour même ou le lendemain, ne pas perdre de temps. Chez les hommes c'est assez simple, un prélèvement de sperme. Chez les femmes, la technique de vitrification ovocytaire nécessite une stimulation hormonale qui dure une douzaine de jours", détaille-t-elle.
Ces prélèvements peuvent même se faire chez les enfants atteints d'un cancer, dans leurs tissus germinaux. Avec l'espoir, des années plus tard, une fois guéris et devenus adultes, qu'ils puissent à leur tour donner la vie.
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Article rédigé par myferti.
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