Le Dr Fabienne Pessione, médecin épidémiologiste à l'Agence de la biomédecine pilote des études pour mieux connaître l'état de santé des enfants issus de l'assistance médicale à la procréation (AMP). Elle fait le point sur les derniers résultats obtenus.
Pourquoi surveiller l'état de santé des enfants issus de l'AMP?
Dans le cadre de la loi de bioéthique, l'Agence de la biomédecine a mis en place une surveillance « des conséquences éventuelles de l'assistance médicale à la procréation sur la santé des personnes qui y ont recours et sur celle des enfants qui en sont issus ». On le sait, la fréquence des grossesses multiples (jumeaux, triplés) est plus élevée après AMP, d'où une augmentation des naissances avant terme et des risques pour la mère et l'enfant qui y sont associés. C'est d'ailleurs pourquoi les professionnels tendent à restreindre le nombre d'embryons transférés dans l'utérus.
Comment cette surveillance est-elle réalisée ?
Concrètement, l'Agence mène des études épidémiologiques pour évaluer et surveiller les indicateurs de santé des enfants à la naissance, en particulier la fréquence de la prématurité, de l'hypotrophie (faible poids de naissance) et des anomalies congénitales. Une première étude a permis d'estimer le risque de malformations congénitales des enfants issus de fécondation in vitro (FIV) au niveau national, grâce à l'utilisation de données d'hospitalisation. Les diagnostics de malformations enregistrés par les pédiatres en 2012 et 2013, à la naissance des enfants et au cours de la première année de vie, ont été mis en relation avec les antécédents de FIV. Le risque de malformations des enfants issus de FIV a été comparé à celui des enfants issus de grossesses spontanées, en prenant en compte les risques liés à l'âge des mères et aux accouchements multiples.
Les résultats obtenus sont-ils satisfaisants ?
L'étude englobant quasiment toutes les naissances en France sur ces deux années, les estimations obtenues sont robustes. Sur l'ensemble de la population, le risque de malformation des enfants issus de FIV s'avère légèrement supérieur au taux observé chez les enfants issus de grossesses spontanées (3,5 % vs 2,8 %), mais globalement faible. L'étude sera reconduite régulièrement afin de surveiller l'évolution de ces indicateurs. D'autres études sont aussi prévues pour estimer le risque de malformations congénitales des enfants issus d'insémination artificielle et pour préciser les risques de prématurité et d'hypotrophie à la naissance.
Article rédigé par myferti.
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