Le réseau de périnatalité de Bretagne occidentale tenait, hier, sa onzième journée de réflexion à l'Avel Vor, à Plougastel. Il a été question d'assistance médicale à la procréation (AMP) et d'infertilité, à l'heure où le centre d'AMP du CHRU de Brest fête son 30 e anniversaire.
Le centre d'AMP de l'hôpital Morvan fête, cette année, ses 30 ans, mais le premier bébé né à Brest par fécondation in vitro n'a que 28 ans : Morwenna est née le 19 mai 1987.
Dans le Finistère, l'AMP représente 3 % des naissances. La onzième journée du réseau de périnatalité de Bretagne occidentale, qui réunit 362 professionnels de la naissance libéraux et hospitaliers, proposait un point sur « Infertilité et impact environnemental », avec le Dr Ronan Garlantezec, épidémiologiste au CHU de Rennes.
« L'un des agents pour lesquels il y a le moins de controverse, c'est bien sûr le tabac. Une exposition très importante avant la naissance provoque une diminution de la qualité du sperme à l'âge adulte, un allongement du délai nécessaire pour concevoir et, dans certains cas, une puberté précoce », souligne le Dr Garlantezec.
Des parents qui fument augmentent donc aussi le risque d'infertilité pour leur descendance. Après exposition postnatale au tabac, des diminutions de la qualité du sperme, une difficulté à concevoir et des ménopauses précoces ont été observées.
La preuve est aussi faite pour le DBCP (dibromochloropropane), un insecticide utilisé dans les bananeraies au Costa Rica qui a provoqué une stérilité définitive des travailleurs par toxicité directe sur les spermatozoïdes.
« Plusieurs études ont montré que des parents exposés professionnellement à certains pesticides ont donné naissance à des petits garçons souffrant de malformations génitales. Certains solvants organiques sont aussi suspects. Mais la question de l'exposition aux produits chimiques est très complexe à évaluer. La problématique des expositions à des mélanges est très rarement prise en compte dans les études ».
Alors que l'on tenait pour acquise l'observation d'un déclin en France de la qualité du sperme, le Dr Garlantezec estime que cela n'est pas si clair et net.
« En France, la concentration en spermatozoïdes varie beaucoup d'un lieu à l'autre et dans le temps. On a du mal à comprendre cela. Des études qui ont été bien faites à Paris montrent une diminution du sperme en qualité et quantité sur plusieurs années, alors qu'à Toulouse, avec la même méthodologie d'étude, on n'observe pas de diminution ».
Une étude sur les ovocytes et les polluants
La preuve absolue de la responsabilité des expositions environnementales est donc encore à apporter. « Il y a beaucoup d'inconnues sur le lien entre environnement et fertilité, mais une majorité de produits chimiques n'ont pas été testés. Beaucoup d'études qui ont été faites sur la fertilité et l'exposition environnementale utilisent des données sur la qualité du sperme. Mais il n'existe pas toujours de lien direct entre une mauvaise qualité du sperme et une infertilité.
On s'est aperçu que le délai d'attente avant une conception était la même dans différentes villes, où la qualité du sperme avait pourtant été notée de façons très différentes ».
Dans quelques mois va débuter, à Rennes, une étude sur la réserve ovarienne (le stock d'ovocytes disponibles) des femmes accueillies dans différents centres d'AMP de Bretagne et des Pays de la Loire, en partenariat avec le Dr Marie-Thérèse Le Martelot, du CHRU de Brest. « Le recrutement se fera sur un an et sera associé à un questionnaire sur les emplois occupés par le couple et leurs parents. Des polluants seront recherchés dans le sang et dans les urines ».
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Article rédigé par myferti.
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