Nous avons été séduits et touchés par la chanson et le clip de cette chanteuse , Thérèse , sur l’infertilité et la difficulté à devenir maman .
Vous pourrez lire ci-dessous l’interview qu’elle nous a donné ou elle témoigne du tabou de l’infertilité, de la prise en charge de l’infertilité et France et de l’incompréhension de certains parents face à ceux qui n’ont pas d’enfant. En attendant qu’un jour elle ait la gentillesse de venir chanter à l’association, allez la voir en concert ou achetez son CD
Nous avons reçu un jour à l’association par mail votre clip avec la chanson « être maman » qui parle d’infertilité et des difficultés à tomber enceinte sur un ton humoristique. Pourquoi cette chanson ?
Parce que c'est mon histoire et que je peux en parler mais surtout parce que le sujet est universel. Traiter avec humour ce sujet viscéral et sensible m'a fait du bien et je voulais le partager. La difficulté à avoir un enfant est un sujet tabou et je trouve cela important de libérer la parole et les ressentis sur un sujet qui finalement nous concerne tous. Car même si on n'est pas directement touchés, on a tous rencontré quelqu'un qui vivait cela et avec qui on n'a pas su réagir ou avec qui on a été maladroit malgré nous. Parce que dans l’inconscient collectif, parler d'enfants, c'est beau, c'est mignon, c'est la vie, ça ne peut que faire du bien....
C’est vous qui avez écrit textes et paroles ?
J'écris les paroles et la musique de mes chansons, elles sont arrangées avec des instruments par un réalisateur par la suite.
Vous souffrez d’infertilité depuis longtemps ?
J'ai toujours voulu avoir un enfant, c'est mon projet de vie depuis plus de 15 ans. De nombreux aléas m'en ont empêchés jusqu'à aujourd'hui, notamment une maladie rare touchant le système hormonal (la maladie de Cushing) qui a duré 8 ans à cause des erreurs diagnostiques. Cette maladie est l'explication de nombreuses fausses couches. J'ai aussi fait 2 GEU.
Vous avez fait des traitements de PMA ?
J'ai fait plusieurs FIV, j'entame la dernière que j'avais dû stopper à cause d'un covid. C'est le chemin de l'espoir et du deuil en même temps. J’apprends à être philosophe, à accepter et à me réjouir que ce parcours ait une fin quelle qu’elle soit, qui ne m’empêchera pas d'être heureuse.
Avez-vous eu un enfant suite à ces traitements ?
Je n'ai pas d'enfants. J'ai fait 6 grossesses qui n'ont pas abouties.
Où en êtes-vous a l’heure actuelle, que pensez vous de la prise en charge de l’infertilité en France ?
J’en suis à la fin en espérant qu’elle marquera un début ! Certains de mes amis sont grands parents. Au début on se compare, on cherche quelqu'un qui vit "pire" pour se rassurer, on se rapproche des amis qui n'ont pas d'enfants au même âge que nous pour se sentir "normal"... J'ai vécu cela jusqu'à ma dernière amie qui a eu un enfant, et tous mes frères et sœurs... Aujourd'hui je me sens la dernière, je me sens seule c'est évident, comme si personne ne pouvait comprendre. Je me raccroche aux personnes qui ont vécues la même chose quand elles acceptent d'en parler.
Les enfants, c'est un sujet délicat, intarissable pour les parents, culpabilisant quand on est infertile (je ne compte pas combien de fois on m'a dit que c'était psychologique, ce qui ne m'a jamais aidée). Il y a aussi le sentiment de ne pas se comprendre entre les parents fatigués par leurs enfants et nous qui souffrons de ne pas réussir à fonder une famille. On entend souvent : "Tu ne peux pas comprendre, car tu n'as pas d'enfants", mais plus rarement : "Tu ne peux pas comprendre car tu as un enfant". Comme si entre parents on pouvait se comprendre et se plaindre mais que sans enfant on n'en avait pas le droit. On peut le vivre facilement comme une injustice car on ressent l'inverse, notre souffrance est viscérale et on est seul avec elle. On n’en parle pas, ça met mal à l'aise les parents parce qu'ils ne veulent même pas imaginer que ça ait pu leur arriver, c'est ce que je ressens.
En PMA, les soignants sont compétents pour nous aider de façon technique mais il n'y a pas de suivi psychologique, aucune écoute... On est un numéro et on doit tout vérifier et tout suivre dans les liaisons entre les services, les retards des labos, les examens... On gère nous même les faiblesses du système car on ne peut louper aucune étape et le protocole est précis. Ce milieu médical, pourtant spécifique, n'est pas plus humain qu'un autre, ça m'a surpris au début. Pourtant les protocoles sont intrusifs, douloureux et longs... Même si c'est pour un beau projet, c'est l'hôpital, des piqûres, un emploi du temps très compliqué à gérer, des souffrances physiques et morales, des deuils qui ne sont pas considérés comme tels. Nos propres vies que l'on risque aussi, parfois.
Vous avez eu une maladie rare ? Cette maladie rare c’est quoi exactement ? Vous êtes donc une miraculée ?
J'ai eu la maladie de Cushing, c'était une tumeur dans mon hypophyse, au milieu du cerveau, qui déréglait toutes les glandes de mon corps et particulièrement le système hormonal. La caractéristique de cette maladie est le taux de cortisol, notre hormone qui gère le stress, qui est très élevé. La maladie est peu connue, même des médecins, c'est pourquoi l'errance diagnostique est très longue. Pour moi elle a durée 8 ans de non-vie, avec des internements en psychiatrie, puisqu'on m'a malencontreusement diagnostiquée psychotique... J'ai été sauvée et opérée il y a 3 ans, en urgence vitale. Il me reste 2 ans de récupération, tout à reconstruire, mais la joie de retrouver la saveur de chaque instant de vie. Je me sens miraculée, oui, mais c'est juste l'humanité et l'écoute d'une médecin qui m'a sauvée. Même si le "juste" est énorme !
C’est cette maladie qui a causé votre infertilité ?
Oui cette maladie m'a rendue infertile pendant 8 ans. Je tombais enceinte mais je faisais des fausses couches.
Avant de recevoir ce clip, nous ne vous connaissions pas ? qui êtes-vous ?
Je m'appelle Thérèse Fournier, j'ai 41 ans, je vis aux Sables d'Olonne, en Vendée. Je suis autrice compositrice et interprète. J'écris aussi des livres, dont "Poisson lune", un témoignage sur mon parcours. Je donne des concerts, entre le tour de chant et le one woman show. J'ai aussi un diplôme d'éducatrice et je suis en cours de VAE pour être Art thérapeute. Tout se rejoint, je donne des ateliers d'écritures et des concerts dans les institutions par exemple, des conférences dans des écoles ou des événements pour le handicap....
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9r%C3%A8se_Fournier
Que chantez-vous d’autres ? Uniquement des chansons humoristiques ? Des sujets de société ? Un peu de provocation ?
On me surnomme « l’Ange punk », je trouve que ça résume bien ce que j’écris et chante : des chansons réalistes sur des sujets de société, drôles, parfois caustiques. L’engagement est là dès que l’on créer d’après moi. Il y a dans l’ange l’idée de liberté et d’intemporalité et dans le punk, ce qui sort de l’ordre social et l’aspect humoristique. J’ai la chance d’être féconde de cette création.
J’ai lu quelque part que vos chansons étaient étudiées dans les écoles ? Des exemples ?
Oui c’est vrai, j’avoue que ça me fait bizarre car je n’étais pas une bonne élève à l’école ! C’est le cas des chansons « Ça pourrait être pire », « Au clair de la thune » ou « Les dessins animés ». C’est les retours que j’ai eu de professeurs d’écoles primaires, collèges et lycées. Mon livre « Poisson lune » est également étudié dans des écoles d’infirmiers par exemple ou avec des étudiants en médecine.
Quels sont vos influences musicales ?
J’ai toujours écouté beaucoup de chansons en français (car je ne comprends pas les autres langues) quel que soit le style musical : punk, chanson, rock, rap, métal, électro, pop... Je suis intéressée par le texte d’abord et l’intention, puis les rythmiques et les mélodies ensuite. J’ai beaucoup écouté Goldman, Balavoine, peu de chansons humoristiques, j’ai encore aujourd’hui du mal à trouver des références dans ce domaine.
Vous faites de la scène ?
Oui c’était mon métier pendant 10 ans avant ma maladie et je suis entrain de reprendre. Je suis « tout terrain », je fais des premières parties dans des très grosses salles mais aussi des concerts chez l’habitant. J’ai la chance d’avoir un producteur pour mon spectacle : Kalmia production.
Y a-t-il longtemps que vous avec commencé cette carrière artistique ?
J’ai commencé à écrire quand j’ai su écrire vers 6 ans, des poèmes puis des chansons à capela et enfin avec une guitare à l’adolescence. Après avoir passé « mon bac d’abord » et un BTS dans le son pour gagner ma vie, j’ai commencé vers 22 ans à chanter mes propres chansons devant du public. Tout a été ensuite très vite pour moi en rencontrant des producteurs et j’ai fait beaucoup d’albums et de concerts pendant 10 ans. J’ai repris il y a deux ans et je me retrouve sur scène comme une évidence.
C’est votre seule activité ?
Ça l’a été mais à 20 ans, le temps de monter mon projet artistique, j’étais technicienne du son à France 3. Aujourd’hui, j’écris aussi des livres et j’ai un diplôme d’éducatrice, je passe ma VAE d’Art thérapeute. Je fais aussi des mises en scène d’artistes et des ateliers d’écriture dans toutes sortes d’institutions.
Comment se procurer cette chanson sous un autre format que le clip ?
La chanson « Être maman » est disponible sur un petit CD à la fin de mes concerts ou dans les magasins de disques mais aussi sur toutes les plateformes numériques et sur ma chaine YouTube : https://www.youtube.com/Therese-artiste
Possibilité de vous voir en concert prochainement ?
Je me produit le 7 avril, place de la République à Paris à 18h, pour la journée mondiale de la santé et le 8 avril au Quai des Arts à Pornichet (44). Toutes les dates sont sur mon site internet : http://lesitedetherese.com, ou sur mes réseaux sociaux : @therese.artiste
Est-ce que vous accepteriez de venir chanter lors d’une réunion publique de l’association ?
Avec plaisir ! (Je peux avoir une FIV gratuite en échange ? … Je rigole bien sûr !)
Article rédigé et publié par Les cigognes de l'espoir.
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