Le 3 mai dernier, le ministre de la santé Olivier Véran annonçait lors d'une interview à Sciences Po TV que « le premier bébé né par PMA d’un couple de femmes ou d’une femme seule naîtra avant la fin du mandat” du président Emmanuel Macron.
Pourquoi cette annonce nous agace au plus au point ? Par ce que le gouvernement fait d'une problématique essentielle pour des personnes en désir d'enfant un instrument de campagne et que la réalité est loin de cette annonce idyllique.
Selon le calendrier annoncé lors de son interview au magazine Têtu publié le 8 juin dernier, la loi bioéthique a été examinée à l'Assemblée le 7 juin, le texte doit ensuite être débattu en commission spéciale du Sénat à partir du 15 juin, puis en séance plénière à partir du 24 juin. Si les députés et les sénateurs ne sont pas d'accord, un ultime vote aura lieu à l'Assemblée, dont la date sera alors précisée. "Il faut que le texte soit terminé d'ici à l'été » a ajouté le ministre. Une fois que la loi sera votée, les décrets devront être publiés au Journal Officiel.
Des "PMA pourront être initiées pour des femmes en couple et des femmes seules à la sortie de l'été", et il ajoute : "Des grossesses pourront avoir lieu bien avant la fin du mandat".
Très bien. Maintenant rendons nous sur le site du CECOS (Centre d'étude et de conservation des œufs et du sperme humains), rubrique « devenir parent grâce à un don ». Le délai d'attente annoncé pour les personnes souhaitant bénéficier d'un don de sperme est de … 12 à 18 mois. Août 2021 plus 12 mois égal août 2022.
Cette remarque est juste la porte d'entrée pour soulever un problème préoccupant et déjà connu, le manque de dons de gamètes en France.
Le manque de donneurs est une réalité connue depuis plusieurs années déjà et le phénomène s'est renforcé avec la crise sanitaire et les confinements successifs. Les couples aujourd'hui éligibles pour être receveur de gamètes peinent déjà à obtenir les précieuses paillettes (et nous ne parlons même pas de la question du don d'ovocytes). Le Pr Catteau-Jonard du CHU de Lille interviewé par Lille actu il y a presque un an jour pour jour rappelait que « nous avons toujours besoin de donneurs et de donneuses, et nous sommes toujours en manque ». Alors comment satisfaire cette demande qui augmentera avec le nombre de personnes éligibles ? Pourquoi une grande campagne de sensibilisation aux dons n'a-t-elle pas été engagée plus tôt étant donné que la PMA pour toutes était une des promesses de campagne du candidat Macron ? Tout le monde sait que de telles campagnes ont besoin de temps pour voir apparaître leurs premiers résultats. Il ne viendrait à personne l'idée d'inviter tous ses voisins à une grande crêpes party sans avoir au préalable rempli ses placards de farine, d’œufs et de lait !! Une loi n'a de valeur réelle que dans la possibilité concrète de son application.
La levée partielle de l’anonymat des donneurs de sperme et d’ovocytes est un autre élément majeur du projet de loi bioéthique. De nombreuses associations craignent que cette mesure qui génère beaucoup d'incertitudes sur le long terme décourage les donneurs potentiels et ajoute à la pénurie de dons, même si dans certains pays ayant déjà levé l'anonymat la baisse des dons n'aurait été que temporaire et « serait repartie à la hausse » (Royaume Unis et Finlande).
Lorsque le don de gamètes sera concrètement placé au cœur du projet PMA pour toutes, alors cette loi prendra enfin sa place d'avancée sociétale majeure, ce que nous souhaitons de tout cœur à Fertile Mag.
N’attendez pas pour votre projet… La bonne nouvelle si la PMA est remboursée en France pour les couples homosexuels et les femmes seules alors si celles-ci partent à l’étranger un remboursement pourra être envisagé.
Anne-Claire Mathieu
Article rédigé par Fertilemag .
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